Récit/enquête/roman : Grégoire Bouillier, Le Coeur ne cède pas, Flammarion
Chère Penny,
J'aimerais par le présent article restituer ce qui vous revient.
J'entends sur les ondes des interviews (intéressantes au demeurant) de Grégoire Bouillier se
gobergeant de "ses" enquêtes et se glorifiant du succès de "son" Coeur ne cédant
pas, tirant à lui la couverture de la gloire médiatique, vous laissant nue et
frigorifiée dans un lit d'ingratitude. Car de vous, nada, nothing, makache
walou! Quid des heures d'investigations que vous passâtes à téléphoner aux uns
et aux autres, de vos intuitions fulgurantes et de votre clairvoyance bien plus
efficace que les brumeuses supputations de votre besogneux patron? Car ceci
n’est pas un livre, c’est un satellite, une comète fantasque et pointue qui
gravite autour de son sujet sans jamais le toucher. Un objet littéraire, à coup
sûr, d’autant plus littéraire qu’il est ancré dans le réel jusqu’à la moelle. La
Bmore se targue d’une méthode dont l’efficacité repose sur l’investigation
imaginaire. L’angle de la fiction, du poétique, de l’hypothèse la plus
improbable est privilégié : une science erratique qui cependant porte ses fruits
parce qu’elle n’exclut rien. On comprend vite qu’à travers la destinée de
Marcelle, c’est bien celle de GB qui est visée. Le « Petit Bougnoule » n’est
jamais bien loin de l’écrivain. Ce livre est un couteau suisse. Les multiples
outils d’investigations sont déployés : l’investigation policière, le recours
administratif, la généalogie, l’enquête in situ, l’interrogatoire, la
graphologie, la physiognomonie… Mais aussi la poésie, la culture littéraire,
l’Histoire et l’histoire des familles. Et l’humour de GB, dans ce qu’il comporte
d’absurde, de détonnant, de mauvaise foi et d’honnêteté mêlés. Dans sa lucidité
sur une époque tellement décourageante, dans sa nostalgie aussi, dans ses
névroses et, enfin, dans son style. Je dois le reconnaître, GB est à peu près le
seul auteur autobiographe (mais là encore quelle est la part de fiction dans ce
tissu de conjectures?) qui me soit supportable. Par la distanciation du sujet
(Marcelle/Florence est un leurre) mais aussi par la sincérité du ton lors des
passages réellement autobiographiques (la quête du père). Bref, j’ai adoré VOTRE
livre (car j'ai bien compris, Penny, que vous en étiez la seule et unique
auteure) et on sort vraiment orphelin de ces 900 pages immersives. J'en viens
maintenant au véritable objet de ce message, chère Penny : pourriez-vous
m'envoyer une photo de vous dédicacée? Merci.
Jean-Marc Pontier /
Grégoire Bouillier, Le Coeur ne cède pas, Flammarion, 2022, 903 pages (si!), 26 euros
NB : réponse de Grégoire Bouillier agrémentée d'une pièce jointe, la photo d'un Penny avec profil de la reine d'Angleterre :
"Cher Jean-Marc,
Pour des raisons de jalousie que vous comprendrez aisément, j’ai préféré intercepter votre message avant que Penny ne tombe dessus.
On ne change pas une couverture à soi, pour paraphraser Miss Virginia Woolf.
Anyway, merci de votre message, merci beaucoup !
Vos compliments nous vont droit au cœur (lequel ne cède pas, comme vous savez).
Votre lecture attentive et enthousiaste encore plus !
Sentiment que “notre” livre a été lu, compris, aimé.
Que demander de plus !?
Définitivement merci.
Pour preuve, j’ai finalement demandé à Penny de vous dédicacer une photo.
Voici donc la chose (qui ne vaut pas beaucoup, mais pas moins non plus).
Parfois, Penny se la pète un peu, elle a un côté reine d’Angleterre...
Avec les amitiés réunies de la Bmore & Investigations.
Bien à vous.
Bmore"
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