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Affichage des articles du décembre, 2024

Création video/performance, Mélanie Joseph, Manon Cappato (CRAC de Sète)

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Le Centre d’Art Contemporain de Sète propose un ensemble d’expositions liées à la problématique du handicap et de la perception des valides face aux déficiences physiques. L’Art étant en soi un lieu de réception, il semble donc naturel qu’un musée donne à voir et à entendre des propositions plastiques autour de cette thématique pourtant trop absente des cimaises. On connaît l’intérêt notamment des Surréalistes pour des œuvres de déficients mentaux, mais cette mise en avant reposait surtout sur le caractère aculturel de ces artistes qui s’ignoraient. Ce que propose le Crac sous le titre de "En dehors" prend une tout autre dimension : ici, les artistes (eux-mêmes handicapés ou pas) vont interpeller notre rapport à l’Art en nous plaçant de l’autre côté du miroir. Un miroir ébréché et coupant : on ne ressort pas indemne de cette exposition qui interroge en profondeur notre rapport à l’altérité. Parmi les exposants, Mélanie Joseph propose une suite de vidéos montrant des sourds...

Biographie : Christophe Bigot : Un autre m’attend ailleurs (La Martinière)

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Qui le croirait en voyant les dernières photographies de Marguerite Yourcenar, flanquée d’un triste gilet et d’un grand foulard qui met plus encore en valeur son visage parcheminé ? La première académicienne a fréquenté sur la fin de sa vie le milieu interlope de la drogue et de l’homosexualité par l’entremise de sa dernière passion amoureuse : Jerry Wilson, jeune photographe de quarante-six ans son cadet. Jerry rencontre Marguerite à Petite Plaisance, ce coin reculé du Maine où la romancière vivait jusqu’ici avec sa traductrice Grace Frick. Mais Grace meurt d’un cancer et Jerry va la remplacer. Mieux : c’est pour Marguerite une renaissance et l’occasion de partir avec Jerry parcourir le monde. Si dans un premier temps l’attrait de la découverte rapproche les deux amants d’un couple si disparate, l’ambiguïté du personnage va vite s’imposer à Marguerite. Jerry Wilson est bipolaire, complexé et parfois violent. Il rencontre Daniel, un autre homosexuel toxicomane, qui va pousser Jerry à...

Roman : Identité, Martine Marck (ed.BoD, 2024)

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Martine Marck est la romancière la plus authentique qui soit. Depuis des années elle a renoncé à ce qui fait habituellement la vie des écrivains : course à l’éditeur, simagrées de la promotion, jeux de l’entregent… L’industrie du livre ne passera pas par elle, ou si peu. Martine Marck n’est mue que par le désir de raconter. Comme Stendhal, elle a fait le choix d’un happy few et s’est débarrassée de toutes les scories du succès. Et pourtant, cet épiphénomène du monde du livre mérite, malgré elle, qu’on la découvre. Identité est le roman des racines. Rachel vient de perdre sa mère, une femme froide et distante pour sa fille et sa fille le lui a bien rendu. Dans les papiers qu’elle découvre, une étrange lettre intrigue Rachel : Simon, un jeune homme né sous X, a retrouvé la trace de sa mère, une donneuse compatible pour une greffe de moelle osseuse. Rachel n’hésite pas et offre sa moelle à Simon dont on apprendra, suite à des investigations génétiques, qu’il est le frère de Rachel. Début...

Roman : Sandrine Colette : Madelaine avant l’aube

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Elle a la rage, la petite Madelaine, lorsqu’elle débarque comme une bête sauvage à la ferme des Montées. Peut-être une de ces enfants conçues dans les viols perpétrés par le fils du seigneur, Ambroisie-le-fils. Dans le hameau vit tout un petit monde de paysans soumis : la vieille Rose, qui connaît les onguents et les plantes, les jumelles Ambre et Aelis, tellement ressemblantes qu’elles finiront par s’échanger, les frères Eugène et Léon, les enfants, des garçons de l’âge de Madelaine, le cheval Jéricho et le chien Bran, dont on reparlera. C’est un monde de servage et de pauvreté où l’on est soumis aux mauvaises saisons et à la cruauté des seigneurs. Travail harassant, froid, sécheresse, pluies, épidémies, accidents et famines à répétition, tel est le quotidien des habitants des Montées. Et la mort qui rôde et frappe avec une impitoyable régularité. Puis il y a cet acte fondateur : armée de sa hache à la ceinture, Madelaine tue un chevreuil. Un meurtre rédhibitoire sur la terre des s...

Mariotti croque l’avenir 

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Depuis qu’elle a créé sa maison d’édition Les Enfants rouges en 2006, Nathalie Meulemans s’est consacrée à la publication de romans graphiques. Le Génie des élèves, d’Olivier Mariotti, échappe cependant à cette classification : pas de séquentialité narrative, pas de fiction. Le dessinateur et professeur d’Arts plastiques propose une suite de portraits d’élèves tracés au feutre noir et à main levée dans le cadre d’une contrainte temporelle (sept minutes environ par croquis) et spatiale (la salle d’Arts plastiques pendant la récré). Chaque portrait, imprimé sur la page de gauche, est accompagné de cinq questions, toujours les mêmes : l’amour, l’école, la mode, l’art et les réseaux sociaux, autant de sujets impliquant les jeunes et auxquels, de la 6e à la terminale (l’artiste-enseignant exerce en collège et en lycée), ils répondent avec une désarmante spontanéité. L’Amour selon Phoebe ? « Inconditionnel et puissant ». L’école, pour Lola ? « C’est le lieu où on grandit au ralenti ». La m...

Enquête impressionniste : Grégoire Bouillier : Le syndrome de l’Orangerie (Flammarion)

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Que faire quand on voit des cadavres partout ? On écrit le Syndrome de l’Orangerie, comme pour exorciser cette obsession du (des) cadavres flottants. On ne connaîtra que dans l’épilogue ce qui a suscité ces visions spectrales en eaux troubles. En contemplant les Nymphéas de Monet, Bmore (avatar romanesque de Grégoire Bouillier) est saisi d’un malaise, en quelque sorte le négatif d’un autre célèbre syndrome, celui de Stendhal, généré cette fois par un excès de Beauté. Fidèle à ses méthodes d’investigation, Bouillier va décliner le sujet jusqu’à épuisement, d’Ophélie à la Chloé de l’Écume des jours en passant par les morts de 14, tous les « noyés » de l’Histoire littéraire (ou pas) sont passés en revue. Mais c’est dans son approche biographique de Monet que l’ouvrage se distingue. Au scalpel, Bmore va interroger chaque péripétie de la vie du peintre (Bouillier est lui-même un ancien peintre, il sait de quoi il parle) susceptible d’éclairer sa révélation morbide. Étage après étage, chaque...